Cannes 2009, Jour 4 : Un rayon de soleil


Le beau temps est revenu sur la
Croisette, et a même réussi à s’installer dans
les salles obscures.

Malgré sa noirceur, Un
prophète
de Jacques Audiard est en effet un vrai rayon
de soleil, ou tout du moins un très bon film.

Le cinéaste confirme tout le
bien qu’on pensait de lui avec cette oeuvre totalement maîtrisée
et à la direction d’acteurs irréprochable. Le film
raconte l’itinéraire d’un jeune délinquant plongé
dans la dureté du milieu carcéral, qui va apprendre à
se débrouiller et à composer avec les différents
clans de détenus qui font régner leur loi dans les
cellules. Prenant souvent des chemins narratifs
surprenants, le film véhicule
qui plus est beaucoup d’humanité et des thématiques
riches.

Autre rayon de soleil, moins
caniculaire quand même, le Taking Woodstock d’Ang
Lee. Une comédie sympathique sur l’organisation de ce qui ne
devait être qu’un petit concert regroupant 5000 hippies, et qui
en a finalement attiré cent à deux-cents fois plus. En
fait, c’est pour renflouer le petit motel familial – en fait une
baraque miteuse – qu’Elliot Tiber, un jeune homme assez réservé
a eu l’idée de récupérer le festival de musique
rock refusé par la ville voisine. Mais peu à peu, les
choses ont pris une ampleur inattendue. Le film combine la grande
histoire du festival avec l’histoire plus intimiste des relations
conflictuelle d’Elliot et de ses parents. Si toute la partie sur
l’organisation monumentale du festival est assez réjouissante,
la chronique familiale traîne hélas un peu en longueur
pare le film d’une note de gravité qui était peut-être
inutile. Certaines séquences sont toutefois magnifiques, tel
le beau plan-séquence montrant l’étendue du phénomène,
avec ses milliers de personnes le long des routes, ou cette scène
de trip montrant la scène et les champs alentours comme le
centre de la voie lactée.

A Un certain regard, autre trip, moins
cosmique, avec Samson & Delilah, une histoire
d’amour entre deux jeunes aborigènes australiens, quasiment
sans dialogues, mais saturée de sons et de musiques. D’abord
assez léger et pittoresque, le film bascule brusquement dans
le sordide, en empruntant des sentiers narratifs non-balisés.
une expérience pas inintéressante, mais assez
éprouvante par sa lenteur.

La Quinzaine des réalisateurs,
elle, a aussi proposé des films hors normes, telle cette
trashy-comédie belge au titre évocateur, La
merditude des choses
, qui montre la difficulté de
s’extirper d’un milieu social marginal pourri par l’alcoolisme et la
violence.

Ou Get some rosemary,
nouvelle tentative de cinéma-liberté de Josh et Benny
Safdie, après le très médiocre The
pleasure of being robbed
. Si les deux cinéastes sont
les chouchous d’Olivier Père, le directeur artistique de la
Quinzaine, ce ne sont définitivement pas les miens. Je me dois
pourtant de reconnaître qu’ils ont un peu progressé, et
que certaines des mésaventures du personnage principal, père
de famille divorcé complètement inconséquent,
sont assez drôles, mais l’ensemble reste désespérément
vain. Et les mouvements saccadés de la caméra, très
laids, n’arrangent rien…

Dernier film du jour, le thriller de
Marina de Van, Ne te retourne pas, avec Sophie Marceau
et Monica Bellucci. Les deux actrices partagent la vedette au sens
propre, puisqu’elles se partagent… le même corps!
Sophie Marceau incarne en effet un
écrivain qui tente d’écrire une fiction sur son
enfance, dont elle n’a plus de souvenirs. Elle est peu à peu
troublée par des choses étranges. La vision d’une
petite fille fantomatique, des objets et des meubles qui semblent
brusquement changer de place. puis se proches qui changent
physiquement. jusqu’à ce qu’elle aussi commence à se
transformer en Monica Bellucci.

Le point de départ est
intriguant, et le titre évoque évidemment le chef
d’oeuvre de Nicolas Roeg, mais l’intérêt retombe très
vite. La résolution de l’intrigue est somme toute assez banale
et ne justifie pas qu’on se laisse balader pendant près de
deux heures dans cette histoire assez absurde. Tout ça pour
ça!

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